Néostalgiques

Photo de York Christoph Riccius

Avec Matrix Resurrections cette année devrait voir ressusciter le personnage de Neo. Neo, un pseudo, mais aussi un préfixe. Néo. Nouveau. Une renaissance donc. Et c’est bien de ça dont il s’agit lorsque Françoise Fassin, Dg adjointe (et planneuse stratégique) de l’agence Initiative France, parle dans une interview au site INfluencia de « néostalgiques ». De ces nouveaux nostalgiques qui « chinent, jardinent, bricolent et jouent pendant des heures sur les vieux Atari 520 et les Commodore 64 de leur enfance ». Les aîné(e)s de la génération Y. Quand leurs cadets, ces « escape gamers » de la génération Z, « vantent les mérites de l’éloge de la fuite, [tentant] de se soustraire à une société qu’ils considèrent illégitime en s’installant à la campagne, en réaménagent leur intérieur pour le transformer en cocon protecteur, en écoutant des podcasts dans les transports ou en jouant sur leur console ».

Mais qui dit « néostalgique » sous-entend (à juste titre) qu’il y a eu des nostalgiques avant eux. Au moins depuis les romantiques des XVIIIème et XIXème siècles – rappelons-nous que pour Baudelaire, au hasard, le romantisme représente un souvenir du désir de l’idéal. Mais à chacun le sien, d’idéal. Celui de la génération X, dont les auteurs de ces lignes font partie ceci expliquant peut-être cela, se veut, disons, plus politique. Derrière les années 60/70, beaucoup de baba cool, de musique psychédélique, de spiritualité, de bien-être et de science-fiction. Dixit Caroline Maniaque, historienne de l’architecture, qui vient de publier L’aventure du Whole Earth Catalog (Ed. Les productions du Effa). Pour mémoire, qui parfois vient à manquer, le Whole Earth Catalog est un « catalogue américain de contre-culture publié par Stewart Brand entre 1968 et 1972 » (Wikipédia).

Or pour l’historienne ce catalogue « ne doit plus être considéré comme une simple publication, mais comme une expérience de mise en relation de communautés, de lecteurs actifs donnant des nouvelles de leurs mondes, de nouvelles tribus habitant le village global théorisé par McLuhan, inventant, le plus sérieusement possible, la curation, le multimédia, en attendant le basculement dans le cyberspace que permettront les nouvelles technologies informatiques ». Nous y voilà. Du passé naît le présent, évidence traduite ici-même par une signature : Penta, c’était mieux maintenant. Car c’est ça Penta. Certaines vertus à venir d’une époque qui ne s’en préoccupait pas encore – un exemple avec l’écoconception. L’idéalisation corrigée d’un passé dont le futur reprend forme aujourd’hui. Mais il faut bien admettre que « néostalgie » c’est plus simple à dire.

Photo d’illustration : York Christoph Riccius

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